Le chef de la Meute est une légende Brudvir. Elle narre l'histoire d'Ylva 'la Femme-Louve'.[1]
Avertissement : Le sens original de certains mots ou certaines expressions peut se perdre à cause de la traduction. L'histoire ci-dessous est une traduction qui essaie de rester la plus fidèle possible au texte initial, mais gardez à l'esprit que seul le texte anglais est officiel.
Histoire[ | ]
Nanna gémit tandis qu'elle s'enroulait sous les fourrures épaisses de son lit, encore somnolente et confortable dans leur chaleur. Tout autour d'elle, elle pouvait entendre le remue-ménage de sa famille étendue se levant dans l'obscurité. La cheminée n'avait même pas encore été rallumée. Fermant les yeux, la petite fille était déterminée à dormir, ne serait-ce que pour un moment de plus.
"Nous partirons dès que tout le monde sera rassemblé. Nul besoin de réveiller quiconque," dit Ingvar calmement.
Aux mots de son père, les yeux marrons de Nanna s'ouvrirent. Elle avait oublié, endormie qu'elle était ! Aujourd'hui était le jour où ils choisiraient les membres de la meute qui chasserait pour l'Hiver ! En dépit des dires de son pères, Nanna savait qu'il y avait encore beaucoup à faire. Et pour Nanna, c'était le jour où enfin elle pourrait rejoindre la meute.
D'une manière ou d'une autre, pensa-t-elle en jetant les couvertures et en balançant ses petites jambes sur le côté de son lit. Elle grimaça en touchant la terre froide au sol, mais elle n'y faisait pas attention. Elle avait trop de choses à faire.
"Pardon mon louveteau, je ne voulais pas te réveiller."
Son père se tenait devant elle, bloquant la maigre lumière provenant du trou de cheminée dans le toit. Ingvar était massif, même parmi les siens, avec des épaules aussi larges que Nanna était grande, et une silhouette longue et musclée. Pour les étrangers il était Ingva, champion des Brudvir du Passage de Siegert, un défenseur féroce et un guerrier qui a vaincu chaque opposant qui osa croiser son chemin. Cependant, pour Nanna, il était Ingvar le gentil papa. Depuis que sa mère mourut trois ans plus tôt, Ingvar la chouchoutait. Il la chérissait, la protégeait et, Nanna l'admit au fond d'elle, la garda de tout les dangers qui pouvait s'approcher d'elle.
Le problème, que Nanna voyait très bien, était que son père la protégeait beaucoup trop. Elle aurait du rejoindre les chasseurs, ou un autre groupe du clan, l'année où sa mère mourut. C'était la coutume, mais Ingvar trouvait toujours une raison pour le lui interdire. "C'est trop dangereux pour une petite comme toi" ou "Tu trouveras ta place, ne te précipite pas vers le danger mon trésor !" étaient des phrases que Nanna a entendu des centaines de fois. Elle les redoutait.
Mais cette fois ci, je le les laisserai pas se mettre en travers de mon chemin, pensa-t-elle.
Nanna était déterminée à prouver à son père qu'elle était prête à prendre la place qui lui revenait de droit; prête à montrer sa vraie valeur au clan. Les autres enfants de son âge avaient déjà trouvé leur place, qu'ils soient chasseurs, tisseurs, sculpteurs ou n'importe quel rôle qui gardait le clan en vie à travers les saisons. Elle savait qu'ils avaient remarqué son manque de développement, Nanna n'ignorait pas leur regards désapprobateurs ou leurs commentaires feutrés. Elle se voyait rapetisser davantage à leurs yeux, pour chaque année passante où son père la gardait dans son ombre. Bientôt elle ne serait rien, ou pire, moins que rien : Un fardeau pour le clan, une bouche à nourrir sans force pour chasser.
Mais le temps était venu de changer ça. La dernière nuit, le Chaman a regardé les étoiles et a vu les signes. La roue céleste ne tournerait que quelques fois de plus, puis l'Oeil parcourra les cieux, annonceur de la Plus Longue Nuit. Et avec la Plus Longue Nuit viendrait les ténèbres et un Hiver presque éternel. Le clan devait redoubler d'efforts dans le peu de temps restant pour s'y préparer.
Pendant que de nombreux membres du clan décidèrent d'aller abattre des arbres pour alimenter les feux pour les ténèbres à venir, et que les tisserands commençaient à fabriquer des couvertures et des draps qui les tiendraient au chaud, les chasseurs du clan s'étaient rassemblés devant la grande maison familiale, attendant qu'Ingvar leur assigne leurs devoirs.
Même au début de l'aube, le clan était excité. Tandis que Nanna mettait de nouvelles bûches dans la cheminée et l'alluma avec un silex, la plupart de sa famille étendue étaient déjà sortie dans l'air matinal pour rejoindre les chasseurs, les bûcherons, les tisseurs et les fumeurs. Pour beaucoup, dont Nanna, cela allait être leur première Plus Longue Nuit, mais ils connaissaient tous la légende. La chasse commencerait aujourd'hui, et ne s'arrêtera qu'au moment où l'année de l'obscurité commence.
Pendant que le foyer de la cheminée prenait vie, Nanna s'essuya les mains sur ses jambes et suivit son père à l'extérieur. Ingvar bougeait déjà la foule de chasseurs, en faisant des groupes. Chaque équipe avait un rôle différent, et leur cible était une viande différente. Tout en observant, Nanna savait que son père ne la choisirait jamais pour rejoindre la chasse. Elle regarda ses pairs prendre leurs places en silence, se tenant derrière son père, le visage fermé. Elle a vu son père passer devant elle une infinité de fois à présent, mais cette fois-ci sa grimace cachait autre chose que de la colère. Elle avait un plan, qui ne nécessitait pas de choix de son père. Nanna était excitée. Aujourd'hui elle chasserait.
Dire que Nanna était une petite fille ne serait pas une exagération. La plus petite de sa famille, elle était souvent appelée la naine de la portée. La majorité du clan faisait presque un demi mètre de plus qu'elle et seul le plus jeune enfant pouvait craindre sa force. Son père l'a protégée, cocoonée, pendant toute sa vie. Il était toujours soucieux que quelque chose lui fasse du mal, que quelque chose brise son corps frêle comme une pierre brise la glace. Et pourtant, Nanna ne se sentait pas faible. Elle se sentait contrainte. Enchaînée. Retenue et en cage alors que, au plus profond d'elle, une force cachée s'impatientait, attendant d'être libérée.
Son père finit d'attribuer les rôles des chasseurs et se tourna vers elle, "On sera probablement partis pendant plusieurs jours Nanna. Écoute Bethemel; elle vous gardera sain et sauf, le village et toi.
"Bien sûr, père," Nanna baissa la tête en parlant, ses yeux cachés derrière les boucles de sa frange rousse, dissimulant son regard empli de détermination, "Je ferai tout au mieux pour le clan !"
Ingvar leva un sourcil et souria. Peut-être souhaitait-il simplement croire que sa fille était aussi respectueuse qu'elle était déterminée, ou peut-être ne voulait-il simplement pas reconnaître l'évident ton de défiance, mais il laissa tomber, et pris sa fille dans ses bras dans un câlin bourru qui la souleva du sol.
"Reste en sécurité, ma fille. Apprendre à mon retour au Passage que quelque chose t'es arrivé ? Malheur, ça serait la fin pour moi."
Nanna se tortilla jusqu'à ce que son père la pose, en riant.
"Je comprends, père. N'ayez pas peur. Je serai là à votre retour."
Il plissa les yeux, avant de soupirer. Avec un dernier au revoir à sa fille il se retourna et marcha avec les autres chasseurs vers la palissade qui entourait leur petit village avant de franchir la porte. Nanna les observa se diriger vers la rivière, ses pensées s'égarant vers ce qu'elle avait caché là bas, juste derrière la rangée d'arbres de l'autre côté. Elle voulait désespérément partir maintenant, récupérer son équipement dissimulé et partir à la chasse, mais elle savait qu'elle ne pourrait pas. Enfin pas maintenant. Elle devait donner aux chasseurs un jour d'avance. Alors... Alors elle aurait ce qu'elle voulait; l'opportunité de montrer sa vraie valeur une bonne fois pour toutes.
Le jour passa plus lentement que n'importe quel autre jour pour Nanna. Chaque corvée qu'elle faisait pour Bethemel semblait s'éterniser. C'était comme si la vielle matriarche était au courant du plan de Nanna et voulait simplement l'empêcher en posant une montagne de travail entre elle et la liberté dont elle avait besoin pour s'échapper. Mais Nanna était déterminée; elle avait prévu ce moment pendant une année entière, en faisant de petites préparations entre les corvées, passant son temps libre avec un arc et même forçant son père à lui montrer comment se battre avec un long couteau. Elle était aussi prête qu'elle pouvait l'être, se disait-elle, et il est temps de partir. Elle avait simplement besoin d'un instant propice.
Cet instant vint finalement tard dans l'après-midi. Le soleil était déjà en train de s'éclipser derrière les montagnes à l'Ouest, projetant de grandes ombres à travers la forêt, et perçant la porte ouverte du village de rayons dorés. La vielle femme Bethemel se tenait à la porte, regardant la rangée d'arbres, quand soudainement elle s'approcha de Nanna, qui lavait une pile d'assiettes en bois dans l'eau de la rivière.
"Ca suffit ma chère," dit-elle à Nanna, une main sur son épaule avant de s'agenouiller près d'elle pour récupérer les assiettes, "Tu peux y aller maintenant." En parlant, elle se tourna pour voir la rangée d'arbres une fois de plus, avant de reposer lentement ses yeux sur Nanna. C'était un vrai amour maternel, mais aussi de la peur. Sait-elle ce que je prépare ? pensa Nanna, en acquiesçant. Enlevant la terre et la poussière de la fourrure de son pantalon, la petite fille se tourna pour regagner son village mais quelque chose la stoppa. Sans un mot elle se retourna vers la vielle femme et la pris dans ses bras. Bethemel la tint près d'elle et lui chuchota dans l'oreille.
"Sois prudente, ma fille. N'oublie pas de rentrer à la maison. Nous t'attendrons."
Nanna s'étonna tandis que Bethemel la laissa, la tournant face à la forêt.
"Dame Bethemel, je..." Nanna se tut, elle ne savait pas vraiment quoi dire.
"Oh je t'en pris, ma petite. Je suis ta grand mère, je suis peut-être vielle mais pas encore aveugle. Je te vois cachée dans l'ombre de ton père."
Nanna baissa les yeux, honteuse.
"Non, non, Nanna. C'en est assez. Ton père te chérit plus que tout au monde, mais ça ne lui donne pas le droit de te garder comme il le fait.
La vielle femme plongea son regard dans celui de Nanna. Ses yeux gris bordés de larmes.
"Tu as une vie à mener. Pars la trouver, Nanna. Mais reviens nous ! Nous t'attendrons."
La vielle femme conduisit Nanna vers la rivière et la rangée d'arbre de l'autre côté. Elle traversa le gué en courant, sans jamais regarder en arrière. Elle ne voulait pas que Bethemel voit ses larmes.
Nanna récupéra son équipement, caché dans la cavité d'un arbre et s'habilla pour la chasse : Bottes en peau de fourrure pour la tenir au chaud et feutrer ses mouvements, des brassards assortis en peau de loup, des gants en cuir et un gros manteau en peau de loup fabriqué par son père. La capuche du manteau était ornée d'une tête de loup, de telle sorte que quand elle la portait, le visage de Nanna était caché derrière le visage hargneux du loup que son père tua pour ce vêtement. Dans un sac basique, elle avait stocké suffisamment de viande séchée pour tenir une semaine. Elle décida de porter le sac sous son manteau. Cela serait moins confortable mais empêcherait son manteau d'être maintenu par le sac, limitant ses mouvements. Il réduisait également les bruits de claquement des boucles du sac en os pendant qu'elle marchait. Elle était prête.
Tout ce qu'il restait à faire était de répondre à cette simple question : Et maintenant ?
C'était une question bien plus difficile qu'elle pensait. Elle restait dans l'ombre tandis que le soleil disparaissait bien plus longtemps qu'elle n'osait l'admettre, seulement en écoutant la forêt devant elle, tremblant sous la tête de loup de son manteau. Elle n'aurait probablement pas pu attraper grand chose sans lumière, alors elle décida finalement de partir dans les bois et de trouver une place où s'abriter pour la nuit. Elle devait être assez loin du village pour que son feu de camp ne soit pas vu, donc au moins à une heure de marche dans les bois. Elle partit en lâchant une injure, réalisant qu'elle avait attendu trop longtemps et qu'elle allait devoir installer son camp dans l'obscurité. Heureusement elle connaissait ces bois presque aussi bien que le village.
La confidence de Nanna se manifesta à peine quelques instants durant sa marche. Au fur et à mesure que l'obscurité grandissait autour d'elle, la forêt semblait se transformer. Elle a grandi ici et pensait comprendre la forêt aussi bien que ses habitants, mais dans la noirceur de la nuit, elle se sentait plus perdue qu'elle n'eut jamais été. Pour la première fois depuis la mort de sa mère, la présence surprotectrice de son père lui manquait. Chaque craquement de branche ou mouvement de feuilles dans le vent la persuadait que des yeux de prédateur la suivait et l'observait, prêt à bondir sur elle.
Elle essaya de se débarrasser de cette sensation tandis qu'elle choisissait une petite clairière pour allumer un feu, mais elle ne voulais pas partir. Même quand les flammes dansaient dans le feu de camp, elle était sûre qu'au delà du feu se tenait une foule de bêtes féroces attendant qu'elle s'endorme pour la dévorer. Et elle avait raison.
Quand le feu commença à s'éteindre, elle les vit pour la première fois. Cinq silhouettes, aussi grandes qu'elle, tapies dans l'ombre. Elles tournaient autour des bords de la clairière, marchant calmement entre les arbres. Ils avait quatre pattes et de la fourrure.
Des loups, réalisa-t-elle, pendant que la peur la saisissait.
Son père l'avait mise en garde des loups, quand elle était plus jeune. Il l'avait amenée au lac pour pêcher et ils virent une meute de loup abattre un élan de l'autre côté de la berge.
"Une mort clémente, heureusement," dit son père en pointant du doigt l'élan.
"Quoi ?" demanda Nanna, choquée, "Ils l'ont déchiqueté !"
Son père la regarda, un sourire sinistre se dessinant sur les rides de son visage vieillissant, "Crois moi, petite. C'était de la clémence après ce qu'ils avaient fait."
"Les loups ne gagnent pas avec un combat. Le combat ne vient qu'après que la chasse soit gagnée. Ils l'ont pourchassé. Harcelé pendant des heures jusqu'à ce que toute chance de contre-attaquer était perdue dans la panique et la fatigue. Les loups sont malins. Ils privilégient la meute à l'individu, mais ils ne mettent jamais l'un des leurs en danger sans être certain de pouvoir gagner. Ils épuisent leur cible en un millier de petites rencontres et, chaque fois que leur proie s'échappe, elle pense avoir réussi à s'enfuir. Elle ne voit pas qu'à chaque fois elle laisse quelque chose aux loups jusqu'à ce que plus rien ne reste."
Il posa sa main sur son épaule.
"Souviens-toi de ça, Nanna. Un loup combat petit à petit, et jamais seul. Ils n'engageront jamais le combat sans avoir préparé une victoire certaine.
Nanna se souvint des paroles de son père et se redressa d'un bond. Elle prit une bûche du feu, comme torche de fortune et commença à arpenter les bords de son camp. Elle voulait qu'ils sachent qu'elle les avait vus, qu'elle était au courant; qu'elle n'était pas prête à leur laisser la victoire.
Toute cette lumière, notamment de la torche dans ses mains, obstruait sa vision, mais elle pouvait les entendre partir en retraite dans l'ombre. Si elle ne s'était pas souvenue du conseil de son père elle aurait pensé être en sécurité, mais elle savait que ce n'était pas le cas. Il n'y aurait pas de repos pour elle cette nuit. Elle devait continuer à marcher. Si elle s'endormait ici, elle ne se réveillerait pas.
Elle ne savait pas combien de temps elle avait, mais elle récupéra rapidement son sac et mit son manteau une fois de plus en s'avançant dans la forêt. Elle pourrait, réalisa-t-elle, rentrer à la maison, mais cela signifiait accepter le jugement de son père et elle refusa d'admettre qu'elle était trop petite et fragile pour aider le clan. Non, se convainquit-t-elle, elle devait s'enfoncer davantage dans la forêt, au Sud-Est, jusqu'au lac où son père et elle pêchèrent. Avec un peu de chances, elle quitterait le territoire des loups et ils partirait chasser une autre proie, plus facile.
Comme s'il existait quelque chose de plus petit que moi dans cette forêt, pensa-t-elle. C'était une pensée fortuite, et elle le sut aussi vite qu'elle la pensa. Les loups seraient tenaces. L'harceler tout en la suivant serait facile. Elle ferait un petit repas, mais trop facile à gagner pour abandonner. En vérité, Nanna n'avait plus le choix. Qu'elle le veuille ou non, elle était bloquée dans une lutte contre la meute de loups; et elle ne finirait pas jusqu'à ce qu'elle, ou eux, soient vaincus. La torche à la main, et son long couteau dans l'autre, Nanna du Passage de Siegert traversa les bois, attendant la prochaine apparition des loups.
La nuit qui suivit fut longue et épuisante. Les jambes de Nanna brûlaient, et ses yeux gonflés, rouges et secs avaient été forcés de rester ouverts et attentifs depuis trop longtemps. Chaque fois qu'elle s'arrêtait, elle pouvait les entendre au loin. Jamais plus loin que quelques arbres. Ils semblaient satisfaits de rester hors de son champ de vision, en l'observant et la poursuivant. Des heures difficiles passèrent dans l'ombre, et elle ne les confronta jamais directement.
Elle vit l'un d'eux pour la première fois au moment où la lumière matinale apparaissait à l'horizon à l'Est. Il était petit pour un loup,
Le petit loup, réalisa-t-elle, était envoyé en premier parce qu'il était le moins important.
Quand elle le vit, il se tenait entre deux arbres, à probablement vingt pas de sa gauche. La lumière éclaira ses yeux, révélant deux orbes couleur ambre pendant qu'il se léchait paresseusement le museau. Il ne fit aucun mouvement, jusqu'à ce que Nanna avança agressivement en sa direction, grognant avec sa plus grave voix. Elle pourrait peut-être les convaincre qu'elle était également un prédateur. Quelque chose qui n'en vaudrait pas la chandelle. Quelque chose trop risqué à prendre.
Ou ils penseront peut-être que je suis une idiote, dit une voix sombre dans sa tête.
Peu importe comment le loup le prit, il s'enfuit à son grognement et elle ne vit pas d'autre loup pendant plus d'une heure, mais quand elle en vit, elle sut qu'elle n'avait plus beaucoup de temps.
Elle avait bien progressé en direction du lac. Pendant quelques minutes elle n'avait aucun signe de la meute, ni du petit éclaireur. Elle commença à espérer qu'ils avaient laissé tomber au final, et traversa les arbres jusqu'à voir la berge du lac. Sur le sable entre elle et l'eau se tenaient assis deux autres loups. Aucun d'eux, remarqua-t-elle, n'était l'éclaireur de tout à l'heure.
Ca se passera ici, réalisa-t-elle.
La paire de loups étaient bien plus gros que ceux qu'elle vit précédemment, plus gros qu'elle. Chacun était couvert de fourrure brune et de sable. Le plus large, probablement un mâle, observa Nanna de ses yeux d'ambre tandis qu'elle sortait de la forêt. A ses côtés, une femelle, la regardait avec son œil gris, l'autre étant griffé et fermé, et son museau était également couvert de quatre autres cicatrices. Ensemble ces marques racontaient une histoire; elle avait combattu quelque chose d'énorme qui lui a ravagé son museau et son œil avec ses griffes, déchirant la peau et détruisant son œil, et pourtant elle survécut et la créature qu'ils avaient combattu était probablement morte.
Nanna avait passé la nuit à réfléchir à ce qu'elle devrait faire quand le moment était venu. Parmi les siens, les meutes de loups étaient tenues en haute estime. Son peuple n'avait pas peur des loups, mais il les voyait comme les plus dangereux prédateurs de la forêt. Peut-être égalés par les ours loutres qui chassent dans la rivière au printemps.
Elle considéra ses options : Elle pourrait courir, mais son père l'a toujours prévenue que les loups la pourchasserait et la rattraperait. Elle pourrait rester et combattre, mais tout le monde sait que les loups attaquent en groupe, et elle devrait les combattre tous en même temps. Elle savait que sa meilleure option était de les diviser. Mais n'avait qu'une chance pour cela. Elle avait besoin de prendre le contrôle de la poursuite. Elle devait être celle qui décidait qui allait où.
Elle eut un plan et, le moment où elle vit le couple devant elle, elle sut qu'il était temps. Elle chargea les loups en criant à plein poumons.
Ils s'écartèrent du chemin facilement mais, évidemment, c'était le but. Nanna ne s'arrêta pas de courir jusqu'à atteindre l'eau et nagea de toutes ses forces jusqu'à l'autre berge. Elle avait abandonné la plupart de ses affaires durant la longue traversée de la forêt, jusqu'à n'avoir que son couteau et ses vêtements. Le manteau l’alourdissait dans l'eau, au point où elle regretta de l'avoir gardé, mais elle sut qu'elle en aurait besoin de l'autre côté du lac.
Elle risqua de regarder les loups à mi-chemin de sa nage. La meute entière la regardait pendant qu'elle nageait, rassemblés autour du gros loup. C'était clair pour Nanna qu'il était le chef de la meute. Celui dont elle devra s'occuper si elle voulait sortir de cette situation vivante. Elle les regarda, comme ils la regardèrent, jusqu'à ce qu'elle soit de l'autre côté du lac. Alors ils commencèrent à courir le long de la berge. Ils seraient bientôt là. Elle n'avait pas beaucoup de temps.
Heureusement pour Nanna, son plan ne demandait pas beaucoup de préparations. Dégoulinante d'eau du lac, elle s'écarta de la berge en direction d'un grand rocher qui marquait le côté sud des chutes du côté ouest du lac. Ils pourraient arriver à n'importe quel moment, mais en arrivant sur la plateforme rocheuse qui menait au rocher, elle sourit. Cela n'avait plus d'importance. Elle était là où elle devait être. Elle retira son manteau et l'étala sur les rochers derrière elle, comme pour le sécher.
Puis elle pris son couteau et se prépara. En traversant le lac elle les a forcé à ne venir que d'une direction. Avec le rocher dans son dos et le lac à gauche, ils ne pourraient venir que par le Sud et l'Est. Elle regarda son manteau humide. Si elle l'a fait correctement, elle pourrait les avoir. Dans la distance - mais plus proche qu'elle ne pensait - elle entendit les hurlements de la meute.
Son père lui avait dit que les loups hurlent pour intimider leur proie. Si vous entendez les hurlements de loups, cela signifie que vous êtes morts à leurs yeux. Nanna espérait les surprendre.
"Venez alors !" grogna-t-elle dans la forêt.
Elle savait que les loups viendraient de la berge, où elle pourrait les voir, mais quand elle vit le mâle alpha bondir hors de la forêt au Sud, elle n'était pas encore prête. Elle jappa de surprise, se mettant de côté et se tournant face au loup pendant que la bête s'approchait d'elle. Ses pattes se posèrent sur la roche, et elle se déplaça rapidement avec le couteau, taillant son museau, et puisant son premier sang.
Le loup bondit en arrière, atterrissant sur le manteau que Nanna avait si minutieusement placé et jappa de terreur quand ce manteau s'effondra sous lui. La pauvre bête tenta de se rattraper au bords du trou qui était caché par le manteau, mais les bords de ce dernier glissa entre ses pattes et la créature s'effondra dans la fosse en criant.
Nanna savait que le loup était déjà mort. La fosse était trop profonde pour s'en sortir sans aide. Elle l'avait découvert elle-même quand elle était enfant, en tombant dedans. Son père la sauva en lui jetant une corde, mais sans son aide rapide, la fille serait tombée dans l'eau glacée et aurait glissé dessous, sans aucune chance de s'en sortir.
Cela lui a coûté le manteau confectionné par son père, mais c'était le dernier de ses soucis et, en échange, elle résolut le pire de ses problèmes. Les quatre loups restants devraient la voir autrement maintenant. Elle n'était plus une proie facile.
Comme pour lui donner raison, les quatre loups se révélèrent à elle, sortant de la rangée d'arbres et l'entourant avec lassitude. Nanna tenait son couteau devant elle, grognant aux loups d'un ton qui correspondait au leur. Elle les combattrait tous, si elle devait le faire, en utilisant la fosse à son avantage. Elle avait juste besoin de se souvenir où il était, et de diriger chaque loup pendant le combat pour qu'ils se retrouvent dedans. C'était comme si elle se battait face à face avec l'un des siens, un membre de sa propre meute.
Tandis que la partenaire du mâle alpha bondit pour atteindre sa gorge, elle se mit au sol, tranchant le ventre de la louve avec son couteau dans une main tout en essayant d'attraper sa patte avec l'autre. Elle espérait pouvoir tirer la créature dans le trou avec son compagnon, mais elle ne réussit qu'à l’attraper brièvement, faisant tomber la louve sur le sol et glissant sur le rocher. Elle n'avait pas le temps d'analyser ce qu'il s'était passé, puisqu'une autre paire de loups approchèrent chacun d'un côté pendant qu'elle se remit sur ses pieds. Nanna esquiva facilement quand le plus gros des deux attaqua, réalisant trop tard que cette attaque était une feinte qui laissa son flanc droit ouvert au petit loup, qui lui bondit alors dessus, grondant la bouche ouverte.
Ce petit être était terrifiant à présent, sa taille et sa santé étaient perdus dans l'instant. Nanna ne pouvait quasiment rien faire, ses mains n'étaient pas dans la bonne position, son couteau était trop loin de sa cible. Elle leva son bras droit pour le mettre entre le loup et sa gorge; c'était sa seule option, la seule manière de rester en vie. Cela ne fit rien pour atténuer la douleur quand les dents percèrent à travers la fourrure de son brassard, déchirèrent la chair et plongèrent directement dans l'os fragile de son bras, le brisant. Mais maintenant le petit loup était accroché à son bras sanguinolent, et le couteau de Nanna était dans son autre main.
Elle planta le louveteau deux fois, dans l’omoplate et dans les côtes. Il relâcha son bras en criant et tomba sur le sol. Immédiatement, les trois loups restants s'écartèrent et fuirent dans la forêt.
Pendant un moment elle ne fit rien. Elle resta simplement plantée là, devant le louveteau mourant, son avant-bras dégoulinant de sang. Elle tenta de voir où les loups étaient partis, mais ils étaient invisibles. Ou, plus probablement, elle réalisa qu'ils avaient fui. Ayant perdu leur chef, et maintenant leur éclaireur, ils étaient brisés, démotivés à continuer la chasse.
Elle ferma ses yeux, pour un bref instant, mais ce moment de répit était suffisant. Chaque blessure, chaque déchirure dans sa peau, vinrent l'inonder de douleur et elle tomba sur ses genoux en criant, près du louveteau.
Elle avait perdu son manteau et avait jeté ses bandages dans la nuit où elle essayait d'alléger son sac à dos. Tenant son bras ensanglanté dans ses mains, elle se demandait si elle n'avait pas vaincu ces loups seulement pour mourir de ses blessures.
Quel gâchis, pensa-t-elle, si seulement je ne m'étais pas battue. Au moins, seulement l'un d'entre nous serait mort.
Elle s'allongea près du louveteau, perdant ses forces à cause de la perte de sang. En se comptant, la moitié des six individus qui se sont rencontrés dans cette forêt seraient morts. Et aucun n'aurait gagné.
Cette chasse fut un désastre, pour tout le monde. Même les loups.
C'était sa dernière pensée avant de perdre conscience.
Nanna rêva. Elle rêva que sa mère, vêtue du manteau qu'elle venait d'abandonner, était venue à ses côtés pour l'apaiser. Pour la tenir au chaud tout en soignant la morsure qu'elle reçut du louveteau. Ça fait mal, mais en même temps ça fait du bien. Comme si cette simple action pouvait d'une manière ou d'une autre la sauver. Sa mère était accompagnée d'autres personnes, même si elle ne pouvait pas voir leurs visages, qui s'installèrent à ses côtés sur le rocher. Leur chaleur l'enveloppèrent, la gardant en sécurité. Dans son rêve elle remercia sa mère, qui s'était baissée pour la prendre dans ses bras, un amour maternel évident à travers son seul œil gris.
Nanna se redressa d'un bon, les souvenirs de son rêve encore frais dans sa mémoire. Il faisait sombre, même la lune n'était pas dans le ciel et Nanna réalisa qu'elle était restée inconsciente toute la journée. Ses pensées étaient brumeuses, le rêve pesait lourd sur sa conscience et au départ elle ne comprit pas ses implications. Elle regarda au sol, en essayant de chercher la silhouette du louveteau qu'elle avait tué. Était-il encore là ? Elle tendit son bras et toucha de la fourrure, encore chaude, qui respire. C'était vivant.
Elle recula, voulant prendre appui sur le sol derrière elle pour se stabiliser, mais appuya à la place sur le côté d'une autre silhouette en fourrure. Elle resta immobile tout en regardant autour d'elle, laissant ses yeux s'ajuster aux ténèbres. Quatre silhouettes apparurent dans son champ de vision. Chacun se reposait autour d'elle, blottis contre elle pour la tenir au chaud. Elle regarda son bras droit. Sa main pendait, et elle doutait que ça ne guérirait jamais, mais le saignement s'est arrêté. Les loups avaient léché et nettoyé la plaie.
Doucement, elle retrouva son couteau et se leva. Enjambant les loups, elle s'en alla contourner le lac encore une fois. Elle devait retourner chez elle, elle le savait. Blessée comme elle était, elle pourrait s'estimer chanceuse d'échapper à la maladie; revenir avec une proie morte n'était plus envisageable. Elle considéra le louveteau qu'elle a tué. Non, il n'est peut-être même pas mort, et maintenant qu'il l'a sauvée ? Elle ne pouvait plus blesser ces loups. Elle ne comprit pas ce qu'il s'est passé, mais elle choisit de les laisser en vie. Elle leur retourne la faveur.
Au lieu de ça, elle partit dans la forêt, pour retourner à la maison. Personne ne croirait à son histoire, mais ça n'importe probablement peu. Elle est sortie dans les bois pour montrer qu'elle pouvait survivre comme n'importe quel membre du clan. Elle l'a prouvé. La morsure du louveteau était une preuve suffisante pour montrer qu'elle a combattu quelque chose et a survécu. Ils penseront peut-être qu'elle est stupide. Ils la considéreront peut-être faible, mais maintenant ils sauraient qu'elle est l'un des leur. Maintenant ils sauraient qu'elle est Brudvir.
Elle grimaçait à chaque pas, la douleur dans son bras était terrible. Rien qu'essayer de fermer sa main droite était une agonie. Pendant des heures, c'était son seul compagnon, mais cette douleur était ce qui lui rappelait qu'elle était en vie. Elle commença à l'apprécier, à la chérir. Chaque pas était un rappel qu'elle avait affronté la meute de loup et a survécu. Chaque pic de douleur était la preuve qu'elle se rapprochait de la maison.
A l'aube de son troisième jour dans la forêt, elle vit des traces de pas d'animaux sur le sol en face d'elle. Elles étaient larges, ressemblant à des mains humaines, mais profondément enfoncées dans la terre. Le cœur de Nanna était désemparée. Elle scruta les arbres pour trouver d'autres signes, et c'est certain, elle vit les marques de griffes d'un ours loutre partout où son regard se portait.
Les griffures sur les arbres, les traces de pas profondes, elles signifiaient toutes que l'ours loutre marquait son territoire. Ils ne s'éloignent généralement pas de l'eau, mais avant chaque Hiver les ours loutres commencent à délimiter leurs territoires. Ces derniers servent de garde-mangers pour l'ours loutre pendant qu'il se prépare pour l'hibernation.
Elle devait faire attention à ses mouvements.
Nanna savait que les ours loutres étaient des chasseurs rusés, mais ils ne semblent pas particulièrement discrets. Elle devrait l'entendre arriver, et avoir le temps de se cacher. Alors, elle ralentit le pas, observant constamment les arbres et tendant l'oreille pour des signes de la présence de l'ours. C'est comme ça qu'elle remarqua qu'elle était suivie.
C'était le louveteau qu'elle vit en premier. Il boitait quelques mètres plus loin et se reposait à chaque arbre, en dehors de son champ de vision. Faisant semblant de ne pas l'avoir remarqué elle continua de marcher, repérant la femelle à un oeil sur sa droite, une trentaine de mètres plus loin. Elle se rendit compte que les autres étaient sûrement en train de suivre également.
Nanna savait qu'elle devrait être terrifiée. Elle devrait s'inquiéter de rencontrer non seulement un ours loutre en colère, mais également quatre loups. Cependant elle ne pouvait pas voir ces loups comme une menace. Ils l'ont suivie, certes, mais la malice de la veille avait disparu. Ils étaient peut-être effrayés d'elle maintenant.
Ou peut-être que la fièvre me gagne après tout, pensa-t-elle en continuant sa marche lente, restant alerte au cas où l'ours loutre se manifeste. Sa vigilance fut bientôt récompensée. Un peu plus loin, elle commença à voir des signes d'autres traces. Des traces de Mann, particulièrement. Une troupe de chasseurs de son propre clan, devina-t-elle. C'était des traces fraîches, plus fraîches que celles de l'ours.
Ils étaient suffisamment courageux pour chasser un ours loutre. Nanna savait que son père n'enverrait jamais un groupe après un ours loutre comme ça. Soit ces chasseurs étaient téméraires et imprudents, comme elle-même, soit ils ont vus l'ours et sont partis s'en occuper sous la directive de son père. Dans tous les cas, elle s'inquiéta. Les ours loutres sont des monstres dans toute leur splendeur. Bien qu'ils ne soient généralement pas agressifs, ils peuvent être des créatures capricieuses qui tuerait simplement pour jouer avec le corps de leur proie.
Nanna espérait rattraper les chasseurs avant qu'ils ne trouvent l'ours, mais un rugissement au loin dissipa cet espoir. Elle se précipita vers eux aussi vite qu'elle le pouvait, essayant au mieux d'ignorer les bruits des loups autour d'elle, suivant la cadence.
Elle entendit les sons de la bataille, les chocs métalliques et les éclats de bois devenaient de plus en plus forts au fur et à mesure qu'elle approchait. Elle avait son long couteau dans sa main, mais ne se souvenait pas l'avoir dégainé. Peu importe, il devait être là. Quelques mètres plus loin, accompagné d'un bruit de craquement, un arbre tomba au sol révélant le combat devant elle. L'ours faisait facilement deux mètres, debout sur ses pattes arrières. Il tenait un tronc massif dans une main qu'il s'apprêtait à lancer sur la foule de chasseurs en face de lui. Un d'entre eux bondit en avant du groupe, le reflet d'une hache à la lumière révélant qu'il s'agissait de son père, Ingvar ! Tandis qu'elle commença à courir, elle vit le trajet du tronc parti de la patte de l'ours et se dirigeant vers la silhouette de son père. Elle tressaillit, certaine que ça le balayerait, mais avec un cri et un mouvement d'acier brillant, le tronc était tranché en deux. Son père était toujours en vie !
Elle vira sur la droite, surprenant la louve qui la suivait quelques mètres plus loin. Sans un grognement ni jappement, la louve changea simplement sa course, arrivant derrière Nanna pendant qu'elle courrait. Elle vit les trois autres, dont le louveteau, faire la même chose. Quand Nanna fit irruption dans la clairière derrière l'ours loutre, elle dirigeait la meute.
Avec un grognement, elle se précipita sur le monstre. Les loups lui répondaient avec des hurlements tout en bondissant également sur le dos de la bête. Surpris et enragé, il essaya d'atteindre les loups avec ses griffes pour s'en débarrasser, mais chaque fois qu'il était proche, les loups lâchaient simplement prise et s'écartaient. Nanna fit la même chose, adoptant leurs tactiques et restant à l'écart de la portée des griffes de l'ours.
De l'autre côté de la créature, elle entendit son père hurler et ses chasseurs répondre. A l'unisson, ils bondirent sur la bête. Harcelé de chaque côté, l'ours loutre était trop distrait, trop confus, et succomba, les marques de coups de haches, les griffures et les morsures témoignant de la grande mêlée.
Ingvar vit sa fille pour la première fois quand l'ours loutre tomba. Ils ne la reconnut pas, au départ. Nanna pouvait le voir à son visage. D'abord de la peur, puis de la confusion. Autour d'elle, les quatre loups, montrant les crocs, grognaient aux chasseurs. Mais Nanna s'avança, rangeant son couteau. C'était visiblement tout ce dont les loups avaient besoin comme message, puisqu'ils s'assirent et commencèrent à lécher leurs blessures.
"Par les gardiens ! Nanna ?!" son père se précipita vers elle, et la pris dans ses bras massifs.
"Que fais-tu là ?" demanda-t-il, la relâchant de son emprise seulement car elle grimaçait de douleur.
"Qu'est-ce qu'il t'est arrivé ?" demanda-t-il, remarquant son bras mutilé, "Et c'est quoi ça ?!" Il pointa les loups du doigt.
“Je suis venue chasser. Ils sont..." Elle marqua une pause, "...ma meute." En le disant, elle savait que c'était vrai. Elle ne pouvait pas savoir pourquoi, ni comment, mais elle savait qu'ils étaient à elle et qu'elle était à eux. Ils étaient sa famille spirituelle.
Elle se sentit perdre ses forces, la fatigue emportant lentement sa conscience. Quand Nanna se réveilla à nouveau, elle était dans son lit, les quatre loups blottis contre elle. Son père était assis à ses côtés.
"Je devrais exiler Bethemel pour t'avoir permis de partir, mais on m'a dit que j'aurais défié l'esprit de la meute." Il fit signe aux loups.
"Ils me disent que tu n'es même plus Nanna. Ils disent que cette fille a quitté le village et est revenue en tant que quelqu'un d'autre."
"Qu'est-ce que ça veut dire ?" demanda-t-elle, confuse.
"Ils t'appellent Ylva maintenant, Nanna. La Femme-Louve. Et c'est difficile à nier. Tu as changé, petite." Il pointa ses yeux. Elle ne comprenait pas, jusqu'à ce qu'il lui donne le miroir en argent de sa mère. Le visage qui la regardait dans son reflet était le sien, mais pas vraiment. D'une manière ou d'une autre, pendant son aventure, ses yeux se sont éclaircis et ont changé, devenant de la même couleur ambre que le mâle alpha qu'elle tua au lac. Elle regarda sa réflexion pendant un moment, remarquant la façon dont la lumière se reflétait dans ses yeux. Elle a changé, pensa-t-elle tout en caressant inconsciemment la tête du loup le plus proche, le louveteau, elle s'en rendit compte.
Ylva rendit le miroir à son père et sourit, "Est-ce que vous pensez toujours que je suis trop petite pour participer à la chasse maintenant, père ?"
Son père souria, et l’étreignit une fois de plus dans un câlin bourru, "Tu seras toujours ma petite Nanna. Mais je ne chasserai plus jamais, sans toi et ta meute à mes côtés."
Voir Aussi[ | ]
References[ | ]
- ↑ Snipehunter, Mark the Festival of Passage with the Faedin faiths, 19 September 2018